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mardi 13 novembre 2012

La fille, le père, et Cauet

Parfois, le hasard fait des clins d’œil intéressants. Alors que je prépare un billet sur les journalistes et les médias, j’ai vécu la semaine dernière un épisode instructif à travers une incursion involontaire en territoire radiophonique...

Jeudi 8 novembre, 16h. En réunion dans une salle aveugle d'une tour à La Défense, je reçois un appel de la maison. Ca sent l'internet qui ne marche plus ou bien la bataille entre marmots pour une histoire de Wii ou de non. Sitôt sorti, j'écoute le message. Ma fille aînée, presque adolescente, m'explique qu'elle a réussi à avoir 2 places pour l'émission de Cauet sur NRJ le soir même. Elle me demande si je peux l'accompagner. 2 minutes de réflexion, examen des scénarios (comprendre 'excuses') possibles... Ce soir, j'avais envie de boire un bon verre de vin en regardant Il était une fois en Amérique. Je décide de tenter une sous-traitance auprès de ma femme. Huit secondes plus tard, je suis désigné volontaire pour l'ingrate tâche et je ressemble à ça :




Adieu, Sergio Leone, De Niro et Puligny-Montrachet ! Il faut être à 20h précises rue Boileau, dans le 16ème arrondissement, au siège de la sus-dite radio. Nous voilà donc partis en métro, ma fille n'a jamais marché aussi vite et moi, j'ai des chaussures en plomb.

20h01, arrivée dans le hall. Il y a déjà une quinzaine de jeunes filles, à vue de... nez elles ont 14 à 17 ans au plus. C'est sûr, je vais passer pour un vieux pervers. Ah non, une maman est là, ouf : 2 vieux pervers. Les réceptionnistes nous font signer les formulaires, puis nous invitent à attendre 20h45 pour la mise en place de l'émission qui démarre à 21h. Cauet arrive, salue gentiment, va s'installer.

A l'heure dite, on nous appelle, pointage par les prénoms, suivage de la dame, attendage devant la salle. Première surprise, le studio est assez petit. Je m'attendais à une sorte d'auditorium avec des animateurs distants. C'est en fait une salle vitrée, de la taille d'une belle salle de réunion comme celle où j'étais l'après-midi même, avec autant d'ordinateurs au mètre carré. Briefing, installation sur 3 bancs entre la table et le pupitre technique, c'est convivial, nous sommes une vingtaine dans le public. L'ambiance est détendue et l'équipe d'animateurs-producteurs va et vient.

21h, début des hostilités. Je me dis : sois je lutte, j'invoque Bernard Pivot en rite vaudou pendant 3 heures et je souffre, soit je débranche mon cerveau et je laisser filer. Option 2, pour revenir au menu général, tapez #. Et je vais vous dire, franchement, je ne regrette pas car on a bien rigolé. La ligne éditoriale est assez sobre : bite, couille, poil. Une fois ce triptyque assimilé et évacué, le reste est édifiant à observer et impressionnant de professionnalisme. L'animateur mène sa barque à la braguette - autant dire qu'il ne rame pas un instant, la bonne phrase au bon moment dans le bon ton. C'est un sniper comme un autre, mais lui tire des ficelles. Travail de précision sur cible mouvante, chapeau.

Le concept repose en grande partie sur des canulars téléphoniques faits en direct live, plus ou moins regroupés par thème. Par exemple, une jeune fille doit énerver son père en lui racontant cette histoire vieille comme le monde : papa, j'arrête mes études à cause de ma grossesse, mais ne t'inquiète pas, mon ami qui a ton âge a une bonne situation, il est photographe érotique, etc, etc. Ca marche, ça part au quart de tour, ça gueule, ce soir-là en portugais et j'avoue, on rit à gorges déployées. Le pauvre papa Carglouche finit tellement énervé, pardon, véner, qu'il ne comprend pas que c'est une blague. Le reste de la soirée à l'avenant, toujours dans une ambiance détendue et sympa à l'égard du public qui se délecte de l'échauffement, voire de la détresse, des auditeurs. Au jeu Marion teste ton mec, j'ai appris une nouvelle expression : "j'ai le baltrou qui larsen", Pivot n'a qu'à bien se tenir... 

Pendant les pauses, le maître des lieux propose une séance photos et se plie de bon coeur à l'exercice. Il conclut en mixant pendant une demi-heure et tout le monde danse. Si on m'avait dit ce matin-là que je me retrouverais le soir-même en boum chez Cauet avec ma fille, j'aurais sans doute répondu :

A minuit, c'est fini. L'équipe est rincée, ça se sent, ça se comprend. C'est une forme de marathon. Au revoir aimable, on se rhabille et on file en repensant aux vannes de la soirée. 

Le retour fût pénitent. Nous prîmes un taxi, qui, celui-là, s’arrêta. Je passe pour le Jean-Claude Dusse de service : « Bonsoir Monsieur, heu, pardon, Madame… ». Une chauffeuse black à dreadlocks que j'ai failli appeler Sandy, comme les 110 kilos (merci Franck) qui l'incrustaient dans son siège. Elle écoutait des prières en boucle à la radio, ce qui nous permit de laver nos chastes oreilles après tant de salacités. Plus Cauet de toi, mon dieu, plus Cauet, de toi...

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