Bienvenue sur Alexagère

Opinions tranchées, points de vue partiaux, caricatures iconoclastes, analyses simplistes, expressions à l'emporte-pièce, conclusions hâtives...
Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
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jeudi 16 mai 2013

Tabous à bout

Ca y est !  Ca y est ! Ils l'ont dit, ils ont dit le mot, craché la Valda ! Ce mot que personne n'avait le droit de prononcer, sauf Claire Chazal dans son JTF1, avec ce sourire jocondescendant qu'elle arbore à chaque fois qu'elle nous annonce une misère, c'est-à-dire à chaque fois. La France est en récession. Ré-ce-ssion ! Ah, le vilain mot ! Il s'est faufilé, il a bousculé le petit doigt avec lequel nos élites essayaient de le cacher depuis si longtemps. Ca fait 30 ans qu'elle est en crise la France (sauf deux éclaircies : 1996-2000 et 2003-2008), mais on était tenu à l'omerta, assis sur la cocotte-minute où mijote notre PIB. En fait, nous, en France, on avait un pouvoir magique, on était protégé par notre super héros, Jacky Sossio,  pourfendeur des méchantes agences de notation qui faisaient rien qu'à rôder autour de notre AAA et dire du mal de la gestion de notre déficit. La récession, ça n'arrivait qu'aux autres. Un grec par ci, un espagnol par là, et vlan ! L'INSEE, on ne l'entend pas souvent, mais là on a encore des acouphènes.

Est-ce le signe d'un infléchissement dans la courbe de l'orgueil ?  D'une prise de conscience résignée ? Une hirondelle ne fait pas le printemps, enfin... Un vautour ne fait pas la carcasse. Cependant au détour de cette mauvaise nouvelle en forme de faux scoop, on sent que les lignes bougent petit à petit dans la culture et le discours de ce pays qui ressemble tant à Gloria Swanson dans Sunset Boulevard, coincée dans ses certitudes comme un marron dans le cul d'une dinde. A fortiori, on a vu quelques brèches s'ouvrir dans sa relation à l'économie. Nan, ce n'est pas parce que Montebourg essaie de défoncer le bureau de Moscovici à Bercy. C'est parce qu'on dit par exemple que l'argent est un tabou pour les français. C'est vrai ! Pourtant plusieurs enquêtes récentes ont montré que beaucoup de gens parlent librement de leur salaire et de leur patrimoine. Sont-ce des OGM ? Non, juste des français normaux, provenant en majorité des CSP moyennes. Seuls les riches rechignent encore à évoquer ce que 250 ans de culpabilité injectée à haute dose de crachats ont rendu inavouable. Dans un pays où être riche est une maladie honteuse, ils sont bien atteints, et en plus il y en a qui restent ! Prenez garde, ils risquent de nous contaminer !

Tant de tabous mis bout-à-bout, ça ne tient pas debout, et des tabous prêts à tomber, il y en a encore beaucoup qui attendent dans le placard. Je vous en offre un, à propos de placard. Un professionnel du recrutement, et pas des moindres, m'a appris des choses édifiantes il y a quelques mois. Il a été chasseur de têtes dans un cabinet réputé. Il m'a raconté qu'au cours de ses années de pratique, il n'a jamais été confronté à la discrimination pour raisons de couleur, de sexe, de taille (je n'ai pas dit de taille de sexe hein, vous suivez ?), ni d'origine ou quoi que ce soit de ce genre. "Ça, c'est des trucs pour les journalistes" (sic). Et ce quel que soit le type de poste, des plus juniors aux plus élevés. Mais il est une discrimination, véritable, sournoise, insidieuse qu'il a décelé à plusieurs reprises : celle de l'âge. Elle est là et bien là, comme la récession. Et comme pour la récession, il est de bon ton de ne pas en parler. Ne pas parler du problème = il n'y a pas de problème = équation française. Frères cadres, en vérité, je vous le dis : le VRAI âge de la retraite, c'est 42 ans, dixit. C'est le point de non retour au-delà duquel tout salarié dépasse la DLC et à partir duquel son bureau commence à sentir le sapin. Vous doutez ? Regardez autour de vous et dites moi si Alexagère. "Je crois que ça va pas être possible, vous comprenez, l'équipe a une moyenne d'âge de 35 ans..." ; "il/elle risque de s'ennuyer dans le poste..." ; "on a besoin de quelqu'un de dynamique", etc, etc. Toutes les excuses bidons et caricaturales sont passées entre les oreilles de cet expert quand il a présenté des candidats sérieux et compétents qui convenaient très bien pour les postes concernés. Mais le paradigme, assumé en rien par les entreprises clientes, est le plus fort, et il se résume à ça : trop vieux, trop cher. C'est faire peu de cas de la valeur que les quadras génèrent... Si la crise est une réalité, elle a bon dos quand certains décident de tirer la chasse sur les talents expérimentés.

Ne soyons pas béni-oui-oui : des quadras et des quinquas tocards, ça existe aussi. Mais dans ce cas, le temps ne fait rien à l'affaire. Il faut également préciser que le terrain était propice à cette purification aetatique à cause des mesures, prises par temps calme, pour inciter les salariés à partir avant l'échéance de la retraite. Ce phénomène a augmenté le dosage de vaseline sur les contrats de travail. "T'as un CDI ? Mais on n'avait pas dit Jacques a dit !". Enfin...Ne nous plaignons pas : la vie n'est-elle pas un CDD ?

1 commentaire:

  1. M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E !
    Style explosif et humour ravageur, c'est tout simplement rafraîchissant !
    Continuez comme ça ! ^^

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